
Résumé : Voilà plus d’un an qu’Hugo n’a pas dit un mot, depuis cet accident qui a tout changé. Sa sœur, Ella, est devenue indifférente à son silence comme au monde qui l’entoure. Bien décidée à renouer ces liens, leur mère les convainc de quitter Paris pour rejoindre l’illustre domaine familial dans le Bordelais et y accueillir deux lycéens étrangers en séjour linguistique. Confrontée à ces inconnus du bout du monde, c’est toute la dynastie viticole qui entre en ébullition, menée par leur grand-mère Blanche pourtant si soucieuse des apparences. Lorsque le séjour vire au tragique, Hugo, aidé de son intarissable amie Bagou, devra faire face, avec ou sans mots.
Les Roses Sentinelles est le quatrième roman de Florie Darcieux. Ce young adult est paru aux éditions Beta Publisher depuis juin 2023. Par ailleurs, je tiens à remercier ma carte bancaire qui m’a permis de me le procurer (aha).
Disclaimer : franchement, c’est un calvaire de trouver l’inspiration pour pas vous piper un énième disclaimer identique, mais on a qu’à dire tw il se passe des choses pas rigolotes + vous pouvez vous procurer cette petite pépite sur l’internet (notamment sur le site de Beta Publisher et dans toutes les bonnes librairies.
Les Roses Sentinelles. Titre évocateur pour qui a lu le livre, bien évidemment (et comme tous les titres de Florie). Des roses qui protègent des vignes autant que des secrets de famille, qui picorent du bout de leurs épines les restes d’un tissu de la chambre bleu. Un décès (enfin, vous verrez), une enquête, un trop plein de suspens et un sens du teasing qui vous dévore dès la première page. Si vous pensiez que Florie ne pouvait pas faire plus qualitatif que ses trois romans précédents, eh bien détrompez-vous ; elle a réussi à faire encore mieux (et ce n’est pas @samantha.feteilson qui vous dira le contraire).
« La complainte de nos cinq volontés, couverte par le bourdonnement des valises, maltraitées sur le sol de l’aéroport. Celle qui signifiait qu’aucun d’entre nous n’était là par hasard. Non, ma mère ne percevait rien de tout cela, trop heureuse d’avoir trouvé un moyen de combler nos silences domestiques. Pourquoi alors étais-je en train de me demander, si comme moi, les autres n’entendaient que lui ? Ce refrain lancinant qui disait sans ambages que l’un de nous cinq ne s’en sortirait pas. »
J’ai eu la chance de découvrir la présentation des Roses Sentinelles lors d’un live organisé par la maison d’édition Beta Publisher, qui m’a permis d’écouter Florie commenter son livre avec une réelle intelligence littéraire. Alors, elle en parle bien de son roman, mais qu’est-ce qu’elle l’écrit bien aussi. Elle manie la métaphore avec adresse, envoie au casse pipe qui bon lui semble, dresse le portrait de personnages aussi différents qu’attachants et retranscrit avec une certaine tendresse le point de vue d’Hugo, ce jeune homme aphasique depuis le décès de son père. Un point de vue interne qui nous permet d’entendre ce qu’il ne peut pas, initialement, exprimer à l’oral. L’intégration de la LSF (Langue des Signes Française) est savamment bien pensée et rajoute encore à la beauté de l’écrit.
Je crois que je le dis à chaque fois, mais ce que j’aime dans les YA de Florie, c’est le travail sur les personnages, la réflexion autour de leur attitude et leurs interactions. Au lieu d’infantiliser et de romantiser chacune des interférences, elle offre à ses protagonistes la possibilité d’évoluer, de réfléchir, d’intégrer un monde adulte en gardant toutefois quelques touches d’enfance, avec maturité (et je pense notamment à L’Heure de la Baïne où j’avais trouvé ces ados particulièrement mesurés). S’ajoute à cela un sens aiguisé du suspens et des retournements de situation qui raviront vos esprits, tous plus surprenants les uns que les autres, et voilà comment Florie obtient un excellent YA. Un de ses meilleurs, sans aucun doute.
« La vérité c’est que j’aurai toujours aimé pouvoir lui parler. De ça, de tout. Parler vite et fort pour ne rien dire. Avaler chaque syllabe. Les martyriser, pour râler, ronchonner. Les bouffer, pour marmonner, marmotter. Pour bredouiller des excuses, énoncer des grandes vérités, insulter des grandes gueules plutôt que de toujours fermer la sienne. »
Et si l’enquête sur le décès d’un de leurs correspondants étrangers est bien entendu le sujet principal de ce livre, ainsi que les histoires de famille ubuesques d’Hugo, ce roman est un véritable appel à l’ouverture aux autres, à la tolérance et un refus de stigmatiser « la différence ». Handicap et maladie mentale sont abordés notamment, sans rentrer dans le cliché d’une vitupération encore bien trop présente dans le monde littéraire (et dans le monde tout court). Florie effleure avec une délicatesse bien à elle tous ces sujets qui s’intègrent parfaitement dans son suspens.
À lire ou pas ? Un grand oui pour Les Roses Sentinelles, qui appartient à mes coups de cœur de l’année 2023. Suspens et histoires de famille dans un vignoble bordelais, le tout compté par la jolie plume de Florie, vous ne pouvez pas manquer ce roman !
5/5 est ma note pour ce livre.
Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée, j’espère qu’elle vous aura plu ! J’espère que je continuerai toujours à aimer les romans de Florie, parce que le jour où je vais être déçue ça va être horrible. Mais devant la qualité de ce qu’elle produit à chaque fois, pas sure que ce jour arrive ! Bon, et sinon, vous l’avez lu, Les Roses Sentinelles ? N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire que nous en discutions, et comme d’habitude …
… Bouquinement vôtre, Jade