
Résumé :
Oscar fronça les sourcils et se remémora à voix haute les actes de barbarie auxquels nous venions d’assister.
– Des réunions secrètes, une assemblée qui crie des mots bizarres, un personnel soignant qui y participe et torture des patients. On dirait les prémices d’une secte.
– Les prémices ? Leurs adeptes me semblent déjà bien organisés. Ils ont des locaux sécurisés, un service d’ordre, probablement la complicité de la direction de l’hôpital. Ils y reçoivent des malades et un chirurgien y opère comme un boucher.
– Oui… et dans un de leurs laboratoires, j’ai fait des photos de cette cuve où sont conservés des morceaux de chair humaine.
Dans une société peinant à se relever d’une pandémie mondiale, Oscar et son ami vont aider un père à sortir sa fille d’un centre de soins peu scrupuleux, dédié aux suites graves de l’épidémie. Ils se retrouvent pourchassés par quatre tueurs d’un groupuscule violent dont les membres adoptent d’étranges comportements.
Hecnop est un thriller d’anticipation écrit par Thierry Dufrenne et publié aux éditions Ex Aequo dans la collection Atlantéïs en janvier 2024. Je remercie la maison d’édition, ainsi que l’auteur, qui m’avait déjà fait confiance il y a quelques temps pour la lecture d’un de ses livres, Nécrophonie, que j’avais beaucoup aimé !
Disclaimer : je sais vraiment plus quoi vous dire, donc je vais vous raconter des petites trucs randoms style, comme l’auteur, je travaille dans un hôpital, et dans un hôpital, les gens sont malades (mon cerveau aussi). Bref, lisez Thierry Dufrenne, c’est vachement sympa.
Du nouveau à l’hôpital public ! Et c’est Thierry Dufrenne, notre auteur infiltré du monde médical, qui nous conte l’histoire effrayante de la post-pandémie Sars-Cadmos, surement un voisin virus/parasite du Sars-Cov2 que nous avons eu déplaisir à connaître chez nous. Vous me direz, encore, on en a eu plein des livres sur la pandémie… Oui, mais alors, pas tous d’une qualité comme ce livre-ci (première cartouche pour la concurrence auteuristique c’est cadeau), et de deux, là on parle pas du COVID, mais du Sars-Cadmos, un tout autre virus… (je suis lourdingue, vous avez saisi l’idée, c’est une chronique de thereadingsession très EN FORME que vous avez commencé à lire). Bon, et puis disons que les conséquences de cette pandémie, en bon thriller d’anticipation sont 1. inédites 2. effrayantes (j’ai déjà dit que c’était effrayant ??) 3. très bien racontées !
« Stopper le balancement du pendule guidant l’Humanité dans sa marche rétrograde et le repousser vers la lumière ».
Sectes médicales dont les tenants et aboutissants sont douteux – assez marrant dans le contexte « no fake med » – expériences sur des chairs tumorales humaines ; cérémonies sacrificielles ; tout un tas de choses qu’on ne s’attendrait pas à associer avec l’institution hospitalière, prônant l’EBM (comprenez Evidence Base Medecine, grosso modo la médecine basée sur les preuves). Mais le post Sars-Cadmos est plein de surprise, comme des cancers bronchiques sur les cicatrices pulmonaires de la maladie chez des jeunes (je travaille cancer bronchique, je lis cancer bronchique, quand je vous dis que j’étais faite pour être pneumologue c’est quand même un comble que mon travail me suive jusque dans mes lectures !). Ces néo-malades sont quasiment tous pris en charge dans des « Centres Cadmos », soit-disant spécialisés dans les suites post-Cadmos (j’ai envie d’écrire COVID en gras, mais je me tiens vous avez vu), mais dont les pratiques restent douteuses. Et c’est quand son ami Oscar, brancardier à l’hôpital, le somme de venir l’aider à faire sortir en douce la fille de son frère, retenue contre son gré dans un de ces centres, que notre narrateur découvre le pot aux roses.
Hecnop est un super thriller d’anticipation qui mêle donc les « mémoires de guerre » de notre narrateur intradiégétique, et ses péripéties post-Cadmosienne lorsqu’il en vient à aider son ami Oscar. Ce livre arrive à combiner sujets d’actualité en nous offrant une critique à peine cachée de la gestion politique des hôpitaux (surtout dans les mémoires de guerre) tandis que d’un autre côté, il nous embarque dans une enquête/aventure à coup de meurtres et de courses-poursuites sensas.
« Si mon existence a frôlé l’insipidité, Oscar tanguait entre le sel d’un destin guignard et l’amertume d’une villégiature en psychiatrie dont il ne voulait pas de ricochet. Il a un trop plein de douleur à dégorger et court vers la mémoire de celles et ceux qu’il a aimés et qui sont morts. Où le reverrais-je s’il existe une vie après la vie ? Au Paradis ou en Enfer ? »
Hecnop est bien trop court et je demande et exige une partie deux ! Voici un livre dont on ne se lasserait pas même s’il avait une centaine de pages en plus, avec une qualité d’écriture qui dépasse pour la majorité celle de ses contemporains. Complexe tout en restant abordable, retrouver la plume de Thierry Dufrenne a été un plaisir et je répète mais j’en aurai voulu encore plus. Et je l’avais déjà dit lors de ma précédente chronique sur Nécrophonie, mais le lecteur peut ressentir tout le travail derrière l’œuvre, ce qui ne la rend que plus accomplie.
À lire ou pas ? Je pense que j’ai été assez dithyrambique dans tous les paragraphes du dessus, mais s’il faut le répéter alors oui, si vous êtes un amateur de thriller et que l’anticipation ne vous fait pas peur, jetez-vous sur Hecnop.
5/5 est ma note pour ce livre.
Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée, j’espère qu’elle vous aura plu ! Avez-vous déjà lu un des livres de Thierry Dufrenne ? N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire que nous en discutions, et surtout…
Bouquinement vôtre, Jade