Chroniques·Fantasy·Polar

Chronique 156 TRS – Maître des Djinns par P. Djèli Clark

Couverture du livre

Résumé :

Maître des Djinns est un polar steampunk écrit par P. Djèli Clark, et publié en 2022 aux Éditions L’Atalante. Il a été traduit de l’anglais par Mathilde Montier, et illustré par Philippe Martiniere.

Disclaimer : Je me suis laissée globalement avoir par la couverture et finalement c’était cool. Pour vous faire votre propre avis de ce roman, n’hésitez pas à vous le procurer dans toutes les bonnes librairies ou sur l’internet mondial comme par exemple ici.

Mêler du polar, du steampunk, et un chouilla de fantasy. Voilà ce qui m’a attiré vers Maître des Djinns (en plus de sa couverture), dans ma librairie indépendante préférée Le pavé dans la marge. Maître des Djinns raconte l’enquête Fatma el-Sha’arawi, une agente du Ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités Surnaturelles (rien que ça), sur la mort d’Alistair Worthington, le « basha anglais » et une vingtaine de ses collaborateurs, dans une Egypte du 20ème siècle où les créatures magiques des contes et des mythes existent vraiment, et ce depuis l’avènement d’Al-Jahiz, celui qui libère la magie dans le monde. L’Égypte, terre de ces légendes, devient la première puissance du monde, où cohabitent émanations mystiques (djinns, anges…) et êtres humains.

Il trouvait criminel, en cette ère moderne, que l’on permît encore aux escaliers d’exister – alors que les ascenseurs transportaient leurs passagers dans le plus grand confort.

Si le livre reprend les codes classiques du polar, une trame en montée crescendo avec une intrigue bien ficelée, l’adjonction de la part fantasy/steampunk est un réel plus dans ce roman. La magie se mélange à l’enquête, les djinns contre les balles, avec un sens du spectacle exemplaire. L’auteur nous abreuve de scènes d’action dont les descriptions sont exemplaires, tandis que les passages moins exultants de l’enquête gardent du peps ce qui fait que le lecteur ne semble jamais perdre le rythme du récit. Les traits d’humour sont eux légers mais participent à la dynamique du récit.

De nombreux personnages accompagnent Fatma, et même s’ils sont pour la plupart de simples récurrents, leur portrait est finement dressé pour qu’ils apportent au récit une touche de mystère, de magie (évidemment on est en pleine fantasy), et bien sûr agrémentent l’intrigue de leurs interventions qui sont à chaque fois pertinentes. Une récurrente avec un petit truc un plus – on pourrait même dire qu’il s’agit d’un des personnages principaux – c’est Siti, la compagne énigmatique de Fatma. Féline, elle disparaît sans bruit et apparaît quand on a besoin d’elle, avec ce sixième sens particulier dont Fatma n’arrive pas à définir à quoi il peut bien correspondre (et je ne vous en dirai pas plus, il faudra lire le livre pour en savoir plus ehe). Et puis ce Al-Jahiz – enfin celui qui prétend en être sa réincarnation – qui apparaît invincible et surtout dont la vraie identité ne semble jamais vouloir être découverte… Vigilance dans ce livre, car vos conclusions sur l’identité de cette entité ne seront bonnes qu’à la toute fin (ou alors un peu avant si vous ne vous laissez pas duper). L’auteur nous offre là un superbe jeu d’esprit.

Ces secrets bien gardés, on les cache parce qu’on a peur de c’que les aut’ risquent de penser. De c’qu’ils pourraient nous juger s’ils savaient. Le jugement qu’on craint par-sus tout, c’est çui de ceux à qui on a donné son cœur.

En dehors de l’enquête et de la fantasy, des djinns, des mécanismes magiques d’un ministère qui s’effondre sous l’à coup d’autres créatures mystiques affreuses, et d’une lutte acharnée pour conserver la paix au Caire, l’auteur aborde des sujets importants à travers Fatma, cette indépendante femme qui transgresse les codes genrés vestimentaires de l’époque avec ses costumes et son chapeau melon, accompagnée de Siti et de leur relation F-F, mais aussi de cette nouvelle génération de femme qui intègre le ministère et dont, malgré les différences extérieures apparentes, partagent les mêmes valeurs de réussite et d’entraide dans un féminisme dont le trait narratif ne paraît pas forcé.

À lire ou pas ? Un super combo fantasy-polar avec une jolie narration et une histoire intéressante qui mérite qu’on s’y attarde. Je recommande aux aficionados mais aussi aux néophytes du genre.

4,25/5 est ma note pour ce livre. Pas de coup de cœur, mais une lecture très agréable.

Et voilà, cette chronique est dès à présent terminée, j’espère qu’elle vous aura plu ! Un bouquin intéressant que Maître des Djinns, qui confirme ce que l’on sait déjà : les éditions Atalante proposent des manuscrits de qualité ! Quel est votre livre préféré de ces éditions ? N’hésitez-pas à me laisser un commentaire que nous en discutions. Et surtout,

Bouquinement vôtre, Jade

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